xt7cvd6p322x https://exploreuk.uky.edu/dips/xt7cvd6p322x/data/mets.xml Frémy, Arnould 1833 2 volumes, 22 cm. Call Number: PQ2256.F4 D480 1833 "Edition originale" pencilled on flyleaf books PQ2256.F4 D480 1833 French Librairie de Charles Gosselin Contact the Special Collections Research Center for information regarding rights and use of this collection Les Deux Anges Vol.1, 1833 text Les Deux Anges Vol.1, 1833 1833 1833 2024 true xt7cvd6p322x section xt7cvd6p322x  

 

 

 

 

 

 

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LIBRAIRIE DE CHARLES GOSSELIN
Rue Saint— Germain— des- Plés, N“ 9.

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' LIVRE PREMIER.

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Que ne puis—je savoir au juste , en
commengant ce livre, ce qui vous plait
ét vous attire! Aim’ez—vous la chasse ou
la bonne chére? quels sont vos gofits ct
vos plaisirs? ou seulement quelles sont
les odeurs qui vous charment, Cu 165 cou—

, leurs que vous pre’férez? O11 pourrait

ainsi choisir et rassembler toutes vos

     

  
  

 

28 LES DEUX ANGES.

nuances, vous composer 1111 échantillon
précie ux qui vous déciderait pour le reste
de l’étoffe : ca serait 1&1 un motif de con—

solation, une voie de salut peut—étre.

On 1:16 sait pas , hélas !7 combieh d’em—
barras et d’inquiétudes viennent s’asseoir
aux premiéres pages d’un livre , ce seuil
dangereux 011 56 sont brisées taut d’es—
pérances. C’est 131 que se décide la des—
tinée de l’ouvrage ; 121 , vous apprenez in
étre sévére ou bienveillantpour l’auteur,
Al’encourager, :21 1111 sourire quand i1 fait
bien ; et c’est 151 aussi que Vous commen—
cez £1 vous emporter centre lui; vous le
blz‘lmcz , vous 1e raillez , vous voila déjia
son ennemi irréconciliable; 6 douleur!
l’idée seule 1e fait trembler. 7

Je crois vraiment qu’au début (1’ uu

livre , pour affriander, pour faire‘mordre

  

  

    

  

‘1

His D'EUXI'ANGES. :29
la”: lectcur ,' i1 11’est iwoint'de, sacrifice
qu’on ne ferait volontiers. 11 y a des mai-
sons de débauche et de jeu qui offbent £1
diner £1 Ieurs invités. Je crois qu’une sé—
duction de ce genye ne cofiterait pas?! un
écrivainqui tiept’ i! sa l‘enommée, pour
vous disposer dés l’abord'en 5a faveur ,
pour’vous de’cider 2‘: entrer chez 111i, i1
vous offrirait u‘n repas au moins égal £1

celui de ces maisons perdues. ..

Non, pour commencer 1111 livre, ce
n’est ni du style, ni de la poésie qu’il
faut, (fest quelque chose de ’presti—
gieux., d’enchanteur, qui charme, qui
enlace 1e lecteur, qui fait tomber 1e11—
tement des chaines autour (16 lui. De ‘la
poésie , pent-étre , mais si ath‘ayunte, si
nouvelle, ou mieux, tout simplement
comme nous le disions, un appel it 5011

appétit. N‘est—ce pus un spectacle digne

 
   
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  

 30 LIES DEUX ANGES.

de pitié de voir des gens qui débutent

\par des réflexions graves et sensées, par

31441-1 .31."; .. c .

nauauM-‘N “

des sentences , par des chapitres de m0;
rale? PeutȎ tre vaudrait-il mieux encore,

pour vous captiver ou gagner votre atten—

.13
.1.

tion , que le poete fit sous vos yeux des
cabrioles et des tours d’adresse , le voila
qui rit devant vous4, qui saute, qui fait
le saltimbanque; et puis, voila que ce
Premier spectacle cesse tout d’un coup,
l’intrigue so none, les personnages dé-
butent , l’ouvrage commence; vous vous
trouvez upris , engage , presque malgre’
vous, dans Faction , enveloppé dans ses
re’seaux fragiles, mais vo'us ne pouvez
pas reculen; i1 faut bien que vous as-
sistiez a toute 1a séance, puisque vous
vous étes arrété a la parade , aux pre-
mieres scenes de jonglerie , badaud que

vous étes. »

 

 LES - DEUX ANGES. , 3 1

' Parlez donc avant' que nous ne coni—
mengions g‘c’est l’heure de complaisance
et de flatterie. Uue fois ce moment
passé, vous nous verrez tout entier- £1
notre intrigue , i1 faudra arranger les
incidens, preparer les scenes,' et des—
lors adieu a vOs ’gofits ,né vos caprices,
érvos idéeS‘fantasques. Si v‘ous venez é:
dire : au lien de cette seéne d’amour
pleine' de passion et de feu d’ailleurs,‘
j ’aurais envie de me promener avec vous,
de causer ou bien d’assister é quelque
scene d’ingénieuse parodie. Voir par
exemple l‘aneienne Muse de la Gréce,
Calliope, longue et pure, réclant du vio—
lon dans un carrefour, avee les habits
pontificaux 'du Parnasse; vous sentez
vous—méme que pour vous promener,
Pour vous distraire , ou méme pour nous
montrer 1a muse Calli0pe, jouant du

v1010n , le récit ne sera pas suspendu ,

 

 ww-

 

 

32 LES DEUX ANGES.

l’amant 11’i1‘a pas interrompre ses (lis-
cours euflammés , et l’amante ne cessera
pas pour vous, de le repousser avec sa—
gesse ‘et retenue.

Parlez ; aimez—vous les fleurs’ , les
champs et leur solitude; voulez—vous y
venir une derniére fois? Nous descén—
drons jusqu’é la riviére , nous passerons ’
cette journée it converser ensemblé 5
vous me réciterez vos vers, je les écou-
terai volontier‘s. Dans les champs, n’est-
ce pas? sur le bord de l’eau, vous aimez
E: voir des dames qui égaient le feuillage
de leurs chants , et embellissent 1a rive
des couleurs de leur parure? Eh bien ll,
nous causerons et nous aurons (les da-
mes et des chansons, je 'vous proteste
que nous ne retrouverons Pas ces 'beau-
t'és dans Ie courant du livre 5 oh! celles—

lit , celles qui m’appartiennent, je les dé—

 LES DEUX ANGES. 33

teste; songez—y done, depuis le temps que
je les connais, que je les vois toujoui's
belles, toujours jeunes, ne doivent—elles
pas me sembler maintenant bien fausses
etfanées. 7 Les felnmes que vous voyez sur
cette rive, vous ne les reverrez plus

Vousles chercherez , pendant long—temps,

vous sentirez voltiger en vous leur re-
gard et leur sourire , et puis vous les ou-
blierez; vous en retrouverez d’autres,
bien plus belles , plus imposantes et plus
fieres 5 et pourtant , vous vous surpren-
drez 2‘1 regretter celles que nous avons
vues ensemble qui couraient en chantant

sur le bord de la rivi‘ere.

All ! voici une barque flexible et
pliante qui slapprocbe de nous, elle est
conduite par (leuX jeunes gens a la lleur
de l’z‘lge. lls rient, ils chantent, ils ont de

1. 3

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 "Est." ‘

 

 

34 LES DEUX ANGES.

longues chevelures; leur air vous plait ,
n’est—ce pas? J’en suis charmé. -— Ce

sont mes héros. ..

Avant de vous rien dire , de faire
méme attention 51 vous, ils vont nous
promener sur Teau , nous 11161161‘ 011 nous
voudrons avec leur barque , pres des
buissons, sous les saules, au pied de cette
maison blanche : allons , mes amis , Par—
tons. Mais aussi quafild ils auront bien‘
ramé , q’u’ils vous auront conduit par—
tout, complaisans et dociles ,‘ i1 faudra
plus tard que vous sachiez quels étaient
ces deux rameurs actifs et silencieux, aux

lévres immobilvs , aux tétes pensives.

——, Ah! je devine , ce sont , sans doute,
les enfans d’uhe noble famille que vous

avez déguisés en rameurs.

 5 a. . ~1p— .- —~.—uw_w.;‘ ~__ -A

LES DEUX ANGES. 35

4— Ecoutez—les , les voilé qui parlCnt.»

— Oui , mon cher George ,L et nous ne
sommes réellement que, des personnages
fictifs, conduits, emportés, poussés,
menés, au profit (Tune intrigue immo-
rale , sans terme, sans issue, sans évé-
nement probable. Cette vie , vieille et
éternelle invraisemblauce, non pas e’nig-
Inatique , car une énigme doit avoir son
mot, encore moins logogriphique , car
un logogriphe peut avoir un sens. — Et
nous, animaux créés plus intelligens que
tous les autres, pour amener aussi un
spectacle plus vif et plus varié, pour
quiconque nous regarde et n’agit pas
comme acteur, au milieu de nos passions

violentes et acharnées. —— Je pense qu’a-

 

 3

3
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S
i
q

 

36 LES DEUX ANGES.

vec cette sainte eXplication de l’huma—
nité , 1e mieux est encore de se dormer
comme simple rhonnéte hemme. 11 me
semble Que o‘est la meilleurek maniére
de payer de sa personne , attendu qu’on
a Pair d‘étre dupe soi—méme du i‘éle que
l’on remplit. Tandis que si vous vous
donnez Pour philosophe, impie, corrbm-
pu, sceptique ou'athée, il est Lrop Clair
que vous jouezvotr‘e personnage (1e mau—
vaise grace; que vous cherqhez é vous
soustréire au ridicule‘des‘ situations et
aux étriviéres indiquées. Et vous courez
risque d’étre sifflé "pour votre peine. Les
vertus sent 165 coups de béton de la 00—
médie. — Soyons done honnétes gens, si
n'ous ‘pou‘vOns , . entends-tu , George ?
4-4- Mais,‘ est-ce que cette saison‘én’est
pas bieh triste pour un printemp37'A
p‘eiue/ 1m quart-d’heure: de ‘ soleil pour
des rheur'e's' entieresr de'pluier Tout chan-

 

 LES DEUX ANGES. 3,7

geycomme disaient‘les a'nciens, meme
leiemps , le climat, 1e ciel. Est-cequ’aih ,
trefois les saisons n’étaient pas plus rian'—
tes et plus belles? L’hiver était peut—étre
plus noir ,. plus rigoureux; ‘mais , en re:
van'che, 1e printemps souriait mieux,
chantaivt mieux , 1e ciel étairt’plusibeau,
les prés et les bois portaient une p1us
belle ceinture de fleurs;‘ou bien éta‘it-
ce' 1e coeur qui valait mieux, qui était
mieux dispose aux admirations et aux
extases? Triste chose que l’ennui, quand
i1 revét toutes les formes, et qu’il vous suit
Partout! —— Le ciel d‘avril, si has, si Pres
de vous , avec son azuI‘ légef, d’un bleu
tendre qui baigne l‘ame , c’est l"ennui
qui s’est fait beau ciel d’a’vril , ciel d’a-
zur. La fleur rose des Champs , sur le
bord des fossés, 01‘1 passe un filet d’eau,
sous des touff‘es